JOURNAL
DE PHYSIQUE
THÉORIQUE ET APPLIQUÉE
TOME PREMIER. - ANNÉE 1872.
Initié par position aux pensées de ceux qui ont inscrit leurs noms sur les pages de ce Journal, je crois devoir faire connaître et le but qu'ils se proposent, et les sentiments qui les animent.
Ce qu'ils veulent, c'est donner une impulsion nouvelle à l'étude de la Physique. Ils s'associent pour en exposer les théories les plus récentes ou les moins connues, décrire les expériences sur lesquelles elles reposent, indiquer les moyens les plus faciles de les répéter et dérouler jour par jour les progrès qu'elle réalise en France et à l'étranger. Par l'exécution de ce projet, ils espèrent intéresser quiconque possède les principes de la Science, vivifier l'enseignement, exciter l'esprit de recherches et provoquer les découvertes.
Ils s'adressent aux Professeurs de Physique, surtout aux isolés, qui, privés des ressources que les bibliothèques devraient leur fournir, gémissent de ne pouvoir développer leurs connaissances et de ne savoir où porter leurs efforts.
Ils s'adressent aussi aux hommes de toute profession scientifique : industriels, ingénieurs, militaires, médecins et autres qui ne peuvent,sans déchoir, oublier une science conseillère de leurs travaux et qui doivent se souvenir que les Physiciens les plus illustres sont sortis de leurs rangs.
Animés de ces intentions, les fondateurs de ce Journal se sont unis; mais ils ne forment pas une association fermée. Ils ouvrent leurs rangs à qui peut seconder leur entreprise. Ils les ouvrent surtout aux jeunes générations de savants dont l'ardeur se montre à des signes certains. L'aptitude ne manque pas : les moyens de travail de ne doivent plus faire défaut.
S'ils ont été conduits à se rechercher par l'amour de la Science, un autre sentiment vient encore fortifier leur union : l'amour du pays. Aussi loin que peut s'étendre leur action, ils veulent, pour la plus part, contribuer au développement des forces intellectuelles et morales de la France : des forces intellectuelles par le travail, des forces morales par l'union désintéressée des efforts communs.
J. Charles d'Almeida
Professeur de Physique au lycée Corneille