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LE RADIUM

Le Radium est né d'hier, son entrée dans le grand public a été rapide et brillante.

Hier connu seulement du monde savant, aujourd'hui objet de toutes les curiosités, de tous les désirs.

Chacun voudrait le voir, chacun voudrait en posséder un échantillon et se convaincre, par sa propre expérience, que les merveilles décrites dans les journaux ne sont pas le fruit d'imaginations surexcitées, mais bien des réalités tangibles. .

L'incommensurable révolution que peut amener dans la vie sociale la production industrielle de ce corps, par ses applications à la force motrice, à la chaleur, à la lumière et même au traitement de maladies réputées incurables, a soulevé l'enthousiaste curiosité de l'humanité. Encore une fois notre chère France agitant le flambeau de la science, jetait de fulgurantes lueurs sur le monde entier.

Et puis, il faut bien le dire, ce qui augmente l'émotion causée par cette découverte, c'est l'espoir encore intangible, encore à l'état embryonnaire, de pouvoir soulever un coin du voile qui recouvre la création. Cet espoir chacun en a la notion en apprenant les propriétés du nouveau corps et ses merveilleuses applications. On n'ose pas encore le dire, mais chacun de nous espère que, d'un moment à l'autre, une application sensationnelle déchirera complètement le voile et que la vérité apparaîtra aux yeux de tous.

Donner à nos lecteurs un compte rendu des articles qui seront publiés sur le Radium en France et à l'étranger ; donner le résultat des expériences ; les tenir au courant des progrès accomplis dans la production et l'étude de ce corps mystérieux ; tel est notre but, telle est la tâche que nous avons entreprise.

Mais ce n'est pas tout ; pour pouvoir étudier toutes les applications du Radium, il faut en posséder des quantités plus grandes que celles que l'on a pu produire jusqu'à ce jour et, pour cela, trouver un minerai exploitable de Radium. Déjà une puissante société s'est fondée aux États-Unis d'Amérique, à Buffalo ; elle exploite des minerais du Colorado contenant du Radium, mais il faut transporter le minerai à dos de mulet pendant 200 kilomètres et, pour le moment, le gramme revient à 200,000 francs à cette société. Il existe du minerai un peu partout, on en a trouvé en Suède, en Sibérie, à Ceylan ; nous avons la ferme espérance et la presque certitude qu'il y en a en France. Comme les recherches seraient non seulement très coûteuses, mais encore très longues, s'il fallait qu'une société fasse parcourir toutes les contrées par ses ingénieurs, nous nous adressons à nos lecteurs en leur demandant de nous aider dans ces recherches.

Nous allons ici dans une série d'articles faits par un ingénieur des mines, très compétent en la question, décrire tous les signes extérieurs auxquels on peut reconnaître les minerais ayant des chances de contenir du Radium, de telle sorte que chacun puisse chercher des échantillons et nous les adresser pour que nous en fassions l'analyse. On comprendra facilement que si la masse du public, touristes, ouvriers, grands et petits propriétaires, nous aide, nous devons arriver beaucoup plus vite et plus sûrement qu'une société quelque puissante qu'elle soit. Chacun de nos lecteurs travaillera avec la certitude d'être utile à l'humanité et l'espérance d'arriver à la fortune.

Honorés de l'approbation de l'illustre savant, M. Becquerel, dont les recherches sur les propriétés radiantes de l'uranium ont ouvert la voie qui a conduit à la découverte du Radium, prenant des conseils de M. et Mme Curie, savants infatigables, dont l'ardent dévouement à la science vient d'être justement récompensé, enfin encouragés par de hautes personnalités de la science, c'est avec le ferme espoir d'une complète réussite que nous lançons dans le monde le nouvel organe de vulgarisation et de recherches: Le Radium.

Henri Fardas